Yassine Yakouti est bien plus qu’un avocat quadragénaire au parcours exceptionnel. Il incarne la détermination et la persévérance qui ont permis à un enfant issu d’une famille d’immigrants marocains de briser les barrières sociales et d’accéder aux plus hautes sphères du Barreau parisien. Son histoire captivante raconte le triomphe de la volonté sur l’adversité.
La Jeunesse d’un Rêveur
Né à Rueil-Malmaison, Yassine Yakouti a grandi à Antony, bercé par les histoires de ses parents, originaires du Maroc. L’amour pour son pays d’origine ne l’a jamais quitté, et il continue de s’y rendre régulièrement, nourrissant ainsi sa passion pour la culture marocaine. Ses parents ont travaillé dur pour subvenir aux besoins de la famille, et cette éthique du travail a laissé une empreinte indélébile sur Yassine.
Dès son passage au prestigieux lycée Lakanal de Sceaux, il s’est démarqué par son amour pour la littérature et ses talents oratoires. Ses proches ne s’y sont pas trompés : Yassine était destiné à devenir avocat. Cependant, sa véritable vocation a pris forme lors de l’affaire Omar Raddad, où un jardinier d’origine algérienne était accusé de meurtre. Le jeune homme, scandalisé par l’injustice, a découvert en Jacques Vergès un modèle inspirant. C’est à ce moment qu’a germé son désir de défendre les droits des personnes issues de la diversité.
Les Défis de la Formation Juridique
Bien que son parcours scolaire ait été brillant, Yassine Yakouti n’a pas échappé aux défis financiers qui se dressent souvent devant les étudiants issus de milieux modestes. Pour financer ses études de droit à l’Université de Paris-Saclay, il a dû cumuler plusieurs petits boulots, de chauffeur poids lourd à conducteur d’engins à la RATP. Sa détermination l’a poussé à réussir l’examen du Centre régional de formation professionnelle des avocats, et il a poursuivi ses études avec un Master à l’EDHEC, une école de commerce.
Cependant, son expérience au sein du cabinet Freshfields Bruckhaus Deringer en 2008 a été une désillusion. Le monde des affaires, en proie à la crise des subprimes, l’a choqué par son cynisme. Yassine a ressenti le besoin de se réorienter vers le droit pénal, qui avait toujours exercé sur lui une grande attraction depuis sa jeunesse.
La Voie de l’Avocat Pénaliste
Ce choix radical a suscité des interrogations et des incompréhensions parmi son entourage. Pourquoi quitter un poste prestigieux et lucratif pour se plonger dans un monde d’affaires sombres, de crimes violents et de grands bandits ? Malgré les doutes, Yassine Yakouti a persévéré, envoyant plus de quatre cents CV à des cabinets d’avocats pénalistes. Là encore, la Conférence des avocats du Barreau de Paris a joué un rôle déterminant dans son parcours.
La Conférence, qui permet à de jeunes avocats de défendre des affaires pénales d’urgence grâce à un concours d’éloquence, a ouvert une nouvelle voie à Yassine. Il y a trouvé sa place, plaidant des questions improbables pour mieux révéler les facettes cachées des individus. En un an, il a accumulé l’équivalent de deux décennies d’expérience, travaillant sur des dossiers sensibles et élargissant considérablement son réseau.
L’Ascension d’un Avocat de la Tchatche
Depuis lors, la carrière de Yassine Yakouti s’est envolée. Il a plaidé dans des dossiers médiatiques, défendant les intérêts du rappeur Kaaris lors de la célèbre rixe avec Booba, participant au procès des dirigeants d’Ikea accusés d’espionnage d’employés, et représentant les frères Ferman, des figures du trafic de drogue en Bretagne. Il a également embrassé les convictions de son modèle d’enfance, Jacques Vergès, en défendant certains acteurs du grand banditisme parisien.
Yassine Yakouti incarne la tchatche, la grinta, et la passion pour la justice. Son parcours unique est une source d’inspiration pour ceux qui osent défier les conventions et poursuivre leurs rêves, même lorsque le chemin semble semé d’embûches. Il est devenu bien plus qu’un avocat ; il est devenu un symbole de réussite et de détermination pour tous ceux qui rêvent de faire la différence dans le monde de la justice.