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Extradition au sein de l’UE : un mécanisme de coopération judiciaire, selon Delphine Patetif

ByPaul Moret

Mai 8, 2023 #extradition, #UE
L'extradition au sein de l'UESource : Unsplash

L’extradition au sein de l’UE est un mécanisme de coopération judiciaire qui permet de remettre une personne recherchée par un État membre à un autre État membre pour qu’elle y soit jugée ou exécutée une peine. Ce mécanisme repose sur le principe de la reconnaissance mutuelle des décisions judiciaires et vise à faciliter la lutte contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme.

L’extradition au sein de l’UE est régie par la décision-cadre 2002/584/JAI du Conseil du 13 juin 2002 relative au mandat d’arrêt européen et aux procédures de remise entre États membres, explique Delphine Patetif. Le mandat d’arrêt européen (MAE) est une demande judiciaire simplifiée et accélérée qui remplace les procédures d’extradition traditionnelles basées sur des conventions internationales. Le MAE s’applique aux infractions passibles d’une peine ou d’une mesure de sûreté privative de liberté d’un maximum d’au moins 12 mois ou, lorsqu’une peine ou une mesure de sûreté a été prononcée, d’une durée de 4 mois ou plus.

Voici une vidéo expliquant ces faits :

Qu’est-ce que l’extradition et pourquoi est-elle nécessaire ?

L’extradition est une procédure juridique qui permet à un État de livrer une personne accusée ou condamnée pour un crime ou un délit à un autre État qui la réclame. L’extradition repose sur la coopération entre les États et vise à lutter contre l’impunité des personnes qui cherchent à se soustraire à la justice en fuyant le territoire où elles ont commis les faits.

L’extradition est soumise à des conditions et des garanties qui varient selon les accords conclus entre les États concernés. En général, l’extradition n’est possible que si le crime ou le délit est punissable dans les deux États, si la personne recherchée n’est pas poursuivie pour des motifs politiques, religieux ou raciaux, et si elle ne risque pas la peine de mort ou la torture dans l’État requérant, indique Delphine Patetif. L’extradition doit également respecter les droits fondamentaux de la personne concernée, notamment le droit à un procès équitable et le principe de non bis in idem (ne pas être jugé deux fois pour les mêmes faits).

Le mandat d’arrêt européen : un instrument simplifié et efficace

Le mandat d’arrêt européen est un instrument de coopération judiciaire qui permet la remise rapide et simplifiée des personnes recherchées entre les États membres de l’Union européenne. Il a été créé en 2002, après les attentats du 11 septembre 2001, pour renforcer la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontière, note Delphine Patetif. Il repose sur le principe de reconnaissance mutuelle, qui implique que les autorités judiciaires des États membres se font confiance et respectent les décisions prises par leurs homologues.

Le mandat d’arrêt européen présente plusieurs avantages par rapport aux procédures d’extradition traditionnelles. Il est plus rapide : le délai moyen de remise est de 16 jours pour les personnes consentantes et de 48 jours pour les autres. Il est plus efficace : le taux d’exécution des mandats d’arrêt européens est de 65 % en 2015. Il est plus respectueux des droits fondamentaux : il prévoit des garanties procédurales pour les personnes recherchées, telles que le droit à l’assistance d’un avocat, le droit à l’interprétation et à la traduction, et le droit à un recours effectif. Il favorise également l’utilisation de mesures alternatives à la détention, comme la surveillance électronique ou les obligations de se présenter régulièrement aux autorités, estime Delphine Patetif.

Delphine Patetif : Les principes et les garanties de l’extradition au sein de l’UE

Les principes de l’extradition au sein de l’UE sont fondés sur la confiance mutuelle entre les États membres et sur la reconnaissance réciproque des décisions judiciaires. L’UE a adopté un instrument juridique spécifique, le mandat d’arrêt européen (MAE), qui remplace les procédures d’extradition traditionnelles et accélère le transfert des personnes recherchées. Le MAE repose sur le principe de la double incrimination, qui implique que les faits reprochés à la personne recherchée constituent une infraction dans les deux États concernés, indique Delphine Patetif. Il prévoit également des motifs obligatoires ou facultatifs de refus d’exécution, tels que l’amnistie, la prescription, le non bis in idem ou le respect du principe de spécialité.

Les garanties de l’extradition au sein de l’UE sont liées au respect des droits fondamentaux et des principes généraux du droit de l’UE, tels que consacrés par la Charte des droits fondamentaux de l’UE et la Convention européenne des droits de l’homme. Les personnes faisant l’objet d’un MAE bénéficient du droit à l’information, du droit à l’assistance d’un avocat, du droit à l’interprétation et à la traduction, du droit à un recours effectif et du droit à un procès équitable. Elles peuvent également invoquer le respect de la dignité humaine, de la non-discrimination, du droit d’asile ou du principe de non-refoulement. En cas de violation ou de risque de violation grave de ces droits, les autorités judiciaires peuvent refuser ou reporter l’exécution du MAE.

Delphine Patetif : Les cas particuliers et les exceptions à l’extradition

Parmi les cas particuliers, on peut citer les situations où la personne recherchée possède la nationalité de l’État requis, où le crime commis est politique ou militaire, où le crime commis est prescrit par la loi de l’État requis ou de l’État requérant, ou encore où la personne recherchée risque la peine de mort, la torture ou des traitements inhumains ou dégradants dans l’État requérant, indique Delphine Patetif.

Parmi les exceptions à l’extradition, on peut citer les principes de non bis in idem, de spécialité et de réciprocité. Le principe de non bis in idem interdit d’extrader une personne qui a déjà été jugée et acquittée ou condamnée pour le même crime dans l’État requis ou dans un autre État. Le principe de spécialité interdit à l’État requérant de poursuivre ou de punir la personne extradée pour un crime autre que celui pour lequel elle a été extradée. Le principe de réciprocité implique que l’État requis n’accorde l’extradition que si l’État requérant s’engage à faire de même dans des cas similaires.

Les défis et les perspectives de l’extradition au sein de l’UE

Au sein de l’Union européenne (UE), l’extradition est régie par plusieurs instruments juridiques, dont le plus important est le mandat d’arrêt européen (MAE). Le MAE est entré en vigueur en 2004 et vise à faciliter et à accélérer la coopération judiciaire entre les États membres de l’UE.

Toutefois, l’extradition au sein de l’UE n’est pas sans défis ni perspectives. Parmi les défis, on peut citer le respect des droits fondamentaux des personnes recherchées, la proportionnalité des demandes d’extradition, la confiance mutuelle entre les autorités judiciaires et la protection des données personnelles. Parmi les perspectives, on peut mentionner le renforcement du rôle de l’Agence de l’Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale (Eurojust), la création d’un parquet européen et l’harmonisation des normes procédurales et substantielles en matière pénale au sein de l’UE.

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